À Quoi Sert D'être Lion En Cage ?

September 16th - October 7th, 2017

Galerie Derouillon, Haut Marais

Curated by Hugo Vitrani

With works by:
Katherine Bernhardt
Stéphane Calais
Antwan Horfee
Renée Levi
Eddie Martinez


Crédit photos : Grégory Copitet

La peinture n'est pas innocente. L'invention du tube permit aux peintres de trouver de nouvelles impressions en travaillant face aux paysages. L'invention du spray, qui met la peinture sous pression, permit de peindre directement sur le paysage et de trouver de nouvelles sensations en confrontant la peinture au réel, à la crasse, à l'architecture, à la rue, ses impasses et ses oubliettes. L'acte du peintre et sa gestuelle sont alors plongés sous la tension du one shot et des fantasmes de la nuit.

Nombreux peintres envisagent la peinture comme un sport de combat. Un face à face avec le support, une confrontation avec la matière, la couleur (ou non), la ligne. Un combat également avec les gros bonnets du passé dont on dit qu'ils auraient mis K.O la peinture à coups de chefs-d'oeuvre inégalés, et qu'il ne faut pourtant pas hésiter à malmener et défigurer. La peinture est flottante et dégradée, parfois vaporeuse et japonisante, chez Stéphane Calais, artiste qui voit le monde comme un vaste dessin et qui a souvent fait le mur. Elle est underground, plastiquée et populaire, gonflée d'air et d'authenticité chez Antwan Horfee, qui a longtemps mis sa peinture et son égo au dessus des lois. Elle irradie en lumière fluo les déchets, les fruits et les bêtes (cigarettes, PQ, pastèques, requins vicieux ou Pink Flamingo) dilués et déclinés faussement à l'arrache par l'insolente Katherine Bernhardt. Elle est teintée de panache et de virtuosité chez Eddie Martinez qui détériore l'héritage CoBrA dans une attitude post-graffiti. La peinture est le fantôme d'un geste dicté par le one shot du spray chez Renée Lévi, toujours sans retouche.

Ainsi mis en relation, ces artistes de générations différentes confirment que depuis les masterpieces du machiavélique Caravage aux black paintings de Kerry James Marshall en passant par celles sexuelles des étrusques, par le cholo graffiti qui marque les territoires et les identités chicanos de Los Angeles, par les monikers dont les écritures hantent les trains de marchandises et racontent les vies hobo ou encore par les impertinents hiéroglyphes venus de lo2la réalisés par Saeio, la peinture est une matière vagabonde, dans le sens donné par le photographe Jacob Holdt qui avait photographié en 1970 sa vision d'une Amérique, entre gangsters, drogue, putes et Ku Klux Clan : « un aventurier voyage d'un point A à un point B, alors que le vagabond voyage dans une troisième dimension - celle où vous prenez aussi des pains dans la gueule. » En 2017 les peintres ne sont pas prêts d'être lions en cage.

Hugo Vitrani

Communiqué de presse à télécharger

Dossier de presse à télécharger

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Paint is not innocent. The invention of the tube helped artists to find new impressions by working before landscapes. The invention of the spraycan, which puts paint under pressure, made it possible to paint directly onto the landscape, and to find new sensations; painting was confronted with the real, with grit, with architecture, with the streets, its blind alleys and forgotten corners. The painter’s actions and gestures became charged with the tension of the one-shot and the murmurs of the night.
Many painters see painting as a form of combat sports. A face-off with the medium, a confrontation with the materials, the colour (or lack thereof), the line. A combat, too, with the big shots of the past whose unrivalled masterpieces have laid paint out cold, though none should hesitate to roughhouse and disfigure their works. Paint comes in gradients, floats, is sometimes vaporous and Japanese-like with Stéphane Calais , an artist who sees the world as a vast drawing and who is used to pushing the boundaries. With Antwan Horfee, someone who has long put his painting and his ego above the rules, it is underground, explosive and working-class, full of air and authenticity. It illuminates with a fluorescent radiance the garbage, fruit and animals (cigarettes, toilet paper, watermelons, vicious sharks or Pink Flamingo) diluted and arranged with deceptive slapdash by Katherine Bernhardt. It is steeped in panache and virtuoso in Eddie Martinez’s post-graffiti deterioration of the CoBrA heritage. With Renée Lévi, paint is the ghost of a hand ruled by the one-shot of the spraycan, unedited.

Together, these artists of different generations attest to the fact that, since the masterpieces of the Machiavellian Caravage to the black paintings of Kerry James Marshall, via the Etruscans’ sexual ones and the cholo graffiti that marks the Chicano territories and identities of Los Angeles, via the monikers whose words haunt freight trains and tell of hobo lives, or even Saeio’s impertinent hieroglyphics from ‘lo2la’ (the beyond), paint is a vagabond medium, in Jacob Holdt’s sense of the word, a photographer who captured in 1970 his vision of an America that lay between gangsters, drugs, whores and Klu Klux Clan: “a hitchhiker travels from A to B, whereas a vagabond moves in a third dimension—you roll with the punches.” In 2017, painters are not yet ready to be caged lions.

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